Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/428

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

force de défigurer le culte de l’Éternel, vos religions d’Europe l’ont anéanti. Lorsque j’entre dans une de vos églises, je la trouve si prodigieusement remplie de saints, de reliques, de momeries de toute espèce, que la chose du monde que j’ai le plus de peine à y reconnaître est le Dieu que j’y desire ; pour le trouver, je suis obligé de descendre dans mon cœur : hélas ! me dis-je alors, puisque voilà le lieu qui me le rappelle, ce n’est que là que je dois le chercher, c’est la seule hostie que je doive mettre à ses pieds ; les beautés de la nature en raniment l’idée dans ce sanctuaire, je les contemple pour m’édifier, je les observe pour m’attendrir, et je m’en tiens là ; si je n’en ai pas fait assez, la bonté de ce Dieu m’assure qu’il me pardonnera ; c’est pour le mieux servir que je dégage son culte et son image du fatras d’absurdités que les hommes croient nécessaires. J’éloigne tout ce qui m’empêcherait de me remplir de sa sublime essence ; je foule aux pieds tout ce qui prétend partager son immensité ; je l’aimerais moins s’il était