Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/431

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soin. Chacun a là ce qu’il faut pour nourrir et sa femme et lui ; il est dans l’abondance s’il est bon travailleur, et les moins laborieux trouvent toujours leur nécessaire. Les enclos des célibataires, des veufs et des répudiés, sont moins considérables, et situés dans une autre partie, voisine du quartier qu’ils habitent.

Je n’ai qu’un domaine comme eux, poursuivit Zamé, et je n’en suis qu’usufruitier comme eux ; mon territoire, ainsi que le leur, appartient à l’État. Ce sont parmi les personnes qui vivent seules, que je choisis ceux qui doivent le cultiver : ce sont les mêmes qui me soignent et me servent ; n’ayant point de ménage, ils s’attachent avec plaisir à ma maison ; ils sont sûrs d’y trouver jusqu’à la fin de leur vie la nourriture et le logement.

Des sentiers agréables et joliment bordés communiquaient dans chacune de ces possessions ; je les trouvai toutes richement garnies des plus doux dons de la nature ; j’y vis en abondance l’arbre du fruit à pain,