Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/465

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cèdent enfin, Oraï triomphe ; il s’élance sur la pointe du rocher avec la rapidité de l’éclair, saisit sa charmante épouse, l’enlève, se précipite avec elle dans une pirogue, et revient au port, escorté de tous les combattans, au bruit de leurs éloges et de leurs cris de joie. Il y a dix jours qu’il n’a vu sa femme, me dit le bon Zamé ; j’aiguillonne les plaisirs de la réunion par cette petite fête… Demain, je suis grand-père… Eh quoi ? dis-je… Non, me répondit le bon vieillard, les larmes aux yeux… Vous voyez comme elle est jolie, et cependant son indifférence est extrême… Il ne voulait pas se marier. — Et vous espérez ? — Oui, reprit vivement Zamé, j’emploie le procédé de Lycurgue ; on irrite par des difficultés, on aide à la nature, on la contraint à inspirer des désirs qui ne seraient jamais nés sans cela. La politique est certaine ; vous avez vu comme il y allait avec ardeur : il ne l’aurait pas vue de deux mois s’il n’avait pas réussi, et si cette première victoire