Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/49

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ordres du Gouvernement, obéissez-y ; calmez-vous, et croyez que j’ai fait pour vous tout ce qui pouvait dépendre de moi.

À peine Antonio eut-il effectivement cessé de me donner ces cruelles lumières, que je vis entrer ce même chef des Sbires qui m’avait arrêté ; il me signifia l’ordre de partir dès le lendemain au matin ; il m’ajouta que, sans la raison que j’avais effectivement de me plaindre, on n’en aurait pas agi avec autant de douceur ; qu’on voulait bien pour ma consolation me certifier que cet enlèvement ne s’était point fait par aucun malfaiteur de la République, mais uniquement par des barques des Dardanelles, qui se glissaient ainsi dans la mer adriatique, sans qu’il fût possible d’arrêter leurs désordres, quelques précautions que l’on pût prendre… Le compliment fait, mon homme se retira, en me priant de lui donner quelques sequins pour l’honnêteté qu’il avait eue de ne me consigner que dans mon hôtel, pendant qu’il pouvait me conduire en prison.