Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/86

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impurs qui s’offensent de tout. Monsieur, poursuivit le comte, en s’adressant à Sainville, les dames qui nous entourent ont trop de vertu, pour que des relations historiques puissent échauffer leur imagination. Plus l’infamie du vice est découverte aux gens du monde, (a écrit quelque part un homme célèbre,) et plus est grande l’horreur qu’en conçoit une âme vertueuse. Y eût-il même quelques obscénités dans ce que vous allez nous dire, eh bien, de telles choses révoltent, dégoûtent, instruisent, mais n’échauffent jamais… Madame, continua ce vieux et honnête militaire, en fixant madame de Blamont, souvenez-vous que l’impératrice Livie, à laquelle je vous ai toujours comparée, disait que des hommes nuds étaient des statues pour des femmes chastes. Parlez, monsieur, parlez, que vos mots soient décents ; tout passe avec de bons termes ; soyez honnête et vrai, et sur-tout ne nous cachez rien ; ce qui vous est arrivé, ce que vous avez vu, nous paraît trop intéressant, pour que nous en voulions rien perdre.