Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/106

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faculté de voir ses fautes, ou qu’il n’en aurait pas commis, s’il eût redouté les reproches que lui doit notre raison, et qu’elle peut lui adresser en paix.

Il me semble, dis-je à dom Gaspard, que vos systêmes sur la religion sont commodes et simples… Sur la religion, me répondit Gaspard, vous vous trompez, Léonore, mes systêmes sur la religion ne sont ni commodes ni simples ; ils sont nuls ; j’ai secoué, toutes ces puérilités, dont on surcharge l’esprit et la mémoire des jeunes gens, j’ai employé ce tems-là à m’instruire, au-lieu de le passer à déraisonner, et je me suis fait quelques principes, tant sur cela que sur quelques autres objets de morale, principes constans dont je ne m’écarte point. J’adopte un agent quelconque assurément, que ce soit la nature ou Dieu, il y a toujours un moteur, à ce qui frappe nos regards, je l’admets, mais je ne le sers par aucun culte. Très-assuré qu’il n’en exige nul, très-incertain s’il en mérite, de quel droit irais-je lui en