Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/117

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eûmes l’honneur de manger chez le roi de Dongola, à des tables séparées, mais aussi bien servies que la sienne.

Le titre de domestique de Dom Gaspard n’avait duré qu’un jour, dès que nous nous étions crus en sûreté, cet ami m’avait fait passer pour le neveu d’un roi d’Afrique, qu’il ramenait à son oncle, et comme il m’avait appris le Portugais, je ne m’exprimais plus que dans cette langue.

Quatre jours après notre départ de Dongola, nous entrâmes dans le royaume de Sennar ; la crainte d’être pillés par les peuples qui sont au-dessus de Korti le long du Nil, nous contraignit à nous éloigner des bords de ce fleuve, et à entrer dans le désert de Bihonda, un peu moins agreste que ceux de la Libie, et où l’on voit au moins quelqu’arbres ; de l’autre côté du désert nous trouvâmes des habitans campés sous des tentes qui ne nous laissèrent manquer de rien. Nous parvinmes enfin à Hargabi, où se trouve avec profusion tout ce qui peut flatter les voyageurs ; cette abondance déli-