Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/124

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arrivant dans cette cour, l’attendrir en un mot sur mon sort, en lui disant que j’étais d’un sang royal comme lui, rien ne réussit ; parle pour toi, lui dit le barbare, et ne t’inquiète pas des autres.

Cependant on nous donna un excellent dîner, au palais même, et l’on nous laissa tous ensemble dans la salle, où l’on nous avait servi jusqu’à l’heure du spectacle que le roi se préparait à nos dépends.

Je ne vous peins point ma situation, vous comprenez aisément son horreur, toutes mes idées se tournaient vers Sainville. — ô ! malheureux amant, m’écriai-je, je ne te verrai donc plus, ceci est bien pis que le poignard du cercueil de Venise, mourir à la bonne heure,… mais mourir empalée ! et mes larmes coulaient en abondance, sans que la main du tendre et bon Gaspard, oubliant tous ses dangers pour moi, cessa jamais de les essuyer. Le même désespoir régnait dans notre petite troupe, les hommes juraient et tempêtaient, les femmes toujours plus douces, même dans