Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/136

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ne peut se supposer qu’en contrariant toutes les lumières de la raison ? Est-il vraisemblable qu’un être bon voulut à ce point abuser de la crédulité des hommes ? N’est-ce pas une chose également absurde et dégoûtante que d’imaginer qu’un dieu nous ordonne de manger sa chair ; n’est-ce pas une chose ridicule et atroce que d’oser croire qu’un homme, fut-ce même un saint, puisse avoir la faculté d’évoquer son dieu par des paroles, et de le faire descendre à son gré dans des élémens corruptibles et dissolubles ? Ou ce Dieu descend dans l’hostie corporellement ou il s’y transporte en esprit, s’il y descend corporellement, comment n’emplifie-t-il pas par la matière ? Et comment cette hostie n’est-elle pas d’un volume différent après l’incorporation qu’avant ? S’il n’y descend qu’en esprit, comment cette essence divine peut-elle s’introduire dans des portions de matières, sans les vivifier ? Ou il faut que l’hostie grossisse après l’incorporation, si elle s’est faite charnellement, ou il faut qu’elle s’anime si la jonc-