Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/143

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mort : mangez, ceci est mon corps ; buvez, ceci est mon sang ; il voulait dire : Le repas que vous faites est des deniers que Judas a retirés de la vente de mon corps. — C’est mon corps que vous allez manger, c’est mon sang que vous allez boire. Étudiez bien toutes les autres paroles de ce prophète ; cherchez à pénétrer leur sens, vous reconnaîtrez dans toutes, ce même ton de figure, positivement ce même genre symbolique, et c’est sous cet unique sens qu’il est quelquefois admirable ; mais prendre ses discours à la lettre, est, non seulement en perdre tout le fruit, c’est s’exposer même, comme dans ce cas-ci, à tomber dans d’exécrables idolâtries, et à commettre des impiétés révoltantes ; renonçons donc à des erreurs aussi dangéreuses ; adjurons à jamais le système effrayant de la transubstantiation, et n’imaginons pas être athée, pour oser nous écrier du fond du cœur avec le capharnaïte : Quomodò potest hic nobis dare carnem suam.

Ainsi raisonnait le philosophe nègre,