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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/173

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ver. Dès le lendemain les opérations commencèrent ; huit jours après le fort fut attaqué ; quoiqu’avertis, quoique fuyans, les portugais perdirent deux hommes, et les sauvages pénétrant avec des cris affreux dans les chambres mêmes où nous étions renfermées, nous enlevèrent aussi-tôt, Clémentine, ses deux femmes et moi, on avait trop d’envie de nous présenter au roi, pour n’avoir pas tous les soins possibles de nous pendant la route ; nous fûmes quatre jours à arriver pendant lesquels rien ne nous manqua.

Dans cet intervalle où la crainte combattant sans cesse l’espoir dans mon cœur, le tenait dans une situation violente, j’avais besoin, je l’avoue, de toute la gaieté de Clémentine pour me dissiper un peu.

J’ai infiniment moins peur, me disait-elle un soir, de servir aux plaisirs de ce monstre, que de plat de milieu sur sa table. — Quelle différence ! et moi, j’aimerais mille fois mieux être mangée, que d’assouvir son indigne luxure. — C’est