Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/178

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Ses premiers feux éteints, il se tourne vers moi, et, à dessein de les ranimer sans doute, approche, me dit-il, viens te rendre aussi heureuse que ta compagne. — Tyran, lui dis-je, tu connais bien mal ma nation ; si tu t’imagines que les femmes qui y naissent puissent se trouver heureuses des caresses d’un monstre tel que toi, mérites les faveurs que tu desires, et je me déciderai quand tu auras su t’en rendre digne. — Étonné de cette réponse, Ben-Maacoro, qui m’avait à peine regardée, me prit par la main, et, m’amenant au grand jour, il me contempla un instant à l’aise. — Et de quelle nation es-tu donc, me dit-il, pour parler à ton maître avec tant d’insolence ? — D’une nation où l’on ne jouit que quand on aime, où l’on ne plaît que par des attentions, où les hommes sont aux pieds des femmes, et n’obtiennent jamais leurs faveurs que comme la récompense de leurs soins. — Celle qui vient de m’obéir n’est donc pas du même pays que toi ? — Elle n’en est pas, mais tu ne l’as pas moins outragée. — Tu