Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rappelez le refus que je fis de la bourse qu’il m’offrit dans le désert ; en arrivant au fort il me conjura d’accepter quelques doublons ; et quand il mourut il disposa de tout ce qu’il avait en ma faveur ; mais cet arrangement déplut à Dom Lopes, il me déclara que le jeune homme étant sous la tutelle de ses parens, n’avait pas la liberté de disposer de ses fonds, et qu’il allait faire repasser en Portugal, les effets qu’il avait laissés ; ce raisonnement que je supposai fondé sur l’envie que ce chef avait de me disposer à l’exécution de son projet, et de m’y enchaîner par toute sorte de moyen, et par la misère même, le plus certain sans doute ; cet argument dis-je, juste ou non, me priva du peu de secours sur lequel je pouvais compter, et quand j’arrivai à Benguele, je n’avais en tout que six portugaises[1], soigneusement cachées dans mes cheveux pendant notre expé-

  1. La portugaise vaut 40 livres.