Aller au contenu

Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être réduites deux jeunes filles, si vous nous refusez vos secours ; vous aurez sur votre conscience le crime où nous plongera votre abandon. Nous allons écrire à nos parens, à nos amis ; nous allons tout employer pour vous rembourser des avances que nous vous conjurons de faire pour nous ; nous vous servirons d’ôtages en attendant ; nous ne bougerons pas de votre maison… Ayez pitié de nous, madame, le ciel vous rendra le bien que vous nous aurez fait. — En vérité mes belles amies, dit l’hôtesse en se levant, je n’ai pas envie de nourrir pour rien deux femelles ; je ne manquerais pas de filles de votre espèce si j’en voulais ; mais, Dieu soit loué, ma maison ne leur a jamais servi d’asyle. Si pourtant vous y voulez rester il ne tient qu’à vous, mes servantes me quittèrent hier, je vous offre leur place ; la condition n’est pas mauvaise. — Jour de Dieu ! s’écria la fougueuse Clémentine, en s’élançant les poings levés sur l’hôtesse, nous, te tenir lieu de servantes, apprends double catin que ma mère en a chez