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Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/275

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n’osent convenir des progrès de leur esprit. Qu’y a-t-il donc de commun entre les mœurs et les opinions ? Eh quoi ! il faut être taxée de libertine parce qu’on ne peut admettre une infinité de fables qui choquent le bon sens ? Ah ! qu’on me permette de le dire, la différence est bien plus grande entre le libertinage et l’impiété, qu’entre ce même libertinage et la superstition ; on se livre à tout quand on est sûre d’être à l’abri du reproche, sous le manteau sacerdotal ; mais celle qui n’aime la vertu que pour la vertu même ; qui ne la sert que parce qu’elle enflamme son cœur ; celle qui marche toujours à découvert, et dont l’ame se lit sur les traits du visage, ne se précipitera pas dans des erreurs qu’elle serait dans l’impossibilité de cacher.

M’objecterez-vous les flammes de l’enfer ? qui sait les pallier comme la dévote ? à force de les adoucir, elle les brave, et ce frein est bientôt aussi nul à ses yeux qu’à ceux de son adversaire ; l’habitude de pouvoir pécher en paix, entraîne en un mot l’une