Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/298

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la nourrir, n’a pu qu’être content de sa perte. Notre conscience est donc en paix sur cet article, bien sûrs qu’un petit mal est toujours permis lorsqu’il s’agit de procurer un grand bien.[1].

Quoi qu’il en soit, notre métier, sans doute, nous oblige à de grands écarts, mais les attraits de la vertu n’en sont pas moins toujours respectés de nos cœurs, ils nous enflamment, et nous nous y livrons autant qu’il nous est possible, nous avons souvent rendu des vols faits à de pauvres gens ; nous avons racheté des prisonniers pour dettes ; nous avons soulagé la veuve, secouru l’orphelin, adouci le sort de l’infortuné ; nous vous avons fait jurer de le faire, et nous vous en donnerons souvent l’exemple.

  1. Voilà où Brigandos est dans l’erreur. Un meilleur logicien l’a dit dans ce même ouvrage, et avec bien plus de raison : il n’est jamais permis de faire le mal pour arriver au bien. Peut-être verrons-nous notre Bohême agir et raisonner mieux par la suite.