Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/30

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racherez au malheur ces trois intéressantes créatures. » — J’en donne ma parole, a répondu le comte tout ému, et comment ne l’entreprendrais-je pas, quand je vois autour de moi, l’hymen, l’amour et l’amitié m’en conjurer au nom de tous leurs droits ; Kermeuil est mon ami depuis trente ans, nous avons guerroyé ensemble en Allemagne, en Corse… Ce sont les cent mille écus qui le désespèrent… Mais vous vous étiez donc fait passer tous deux pour morts, a-t-il continué en s’adressant à monsieur et à madame de Sainville ?… Il est vrai, monsieur, reprit le jeune amant de Léonore, c’est une des circonstances de notre histoire que j’avais cru devoir taire ; Léonore avait écrit à ses parens que ne pouvant résister à l’horreur de sa situation, elle s’était d’abord sauvée de son cloître, pour se réunir à l’objet de ses vœux ; qu’ensuite retenue par la décence, elle n’avait osé achever une telle démarche, que se trouvant par sa conduite entre la perte de tout ce qu’elle aimait, et le deshonneur, elle