Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/304

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des loix de la nature. Nous avançâmes ; nous eûmes bientôt attrapé les deux fuyards. Tenez, leur dit notre chef en leur faisant présent des deux chevaux, voilà pour vous sauver plus vite ; mes amis, quand vous raconterez votre aventure, vous direz que d’honnêtes gens vous menaient à la mort, et que des coquins vous rendent à la vie. Adieu.

Indépendamment des vices dont le chef était convenu vis-à-vis de nous, il en régnait dans notre troupe quelques-uns de secrets, dont le peu d’importance avait sans doute empêché notre instituteur de nous parler ; de ce nombre était la manie singulière qui faisant trouver à une femme autant, et souvent bien plus de plaisir dans son propre sexe qu’avec les hommes, l’a détermine à ne choisir que parmi ses compagnes les agens de son libertinage, goût triste et solitaire sans doute, mais qui n’a nul espèce d’inconvéniens, dépravation légère, qui n’apporte aucun tort à la société, dont l’acte est bien moins dangéreux que le dé-