Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/310

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cela est fait ; ne cherchez nul autre secours, je vais à une demie lieue d’ici trouver des hommes plus forts que nous, qui vous porteront dans notre demeure et qui achèveront de vous soulager. Elle dit, et s’élance pour avertir nos compagnons qui marchaient fort en avant de nous.

Un tel trait, ce me semble, honore bien le cœur de cette fille, et quand la vertu se montre avec tant de puissance dans des ames aussi corrompues, ou il faut plaindre un pareil sort, ou il faut croire que cette corruption qui s’unit à tant de qualités, pourrait bien n’être qu’idéale.

Le conseil se tenait quand nous arrivâmes, on loua fort la fille du chef, de l’action qu’elle venait de faire, et on détacha sur-le-champ deux hommes pour aller chercher le blessé. Pendant ce tems les femmes lui préparait un lit dans notre habitation ; mais Brigandos, quoique lui-même eut donné l’ordre de secourir cet infortuné, témoignait pourtant de l’inquiétude. J’écoute plus ma pitié que ma raison, nous dit-il,