Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/322

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curé de la paroisse, seigneur cavalier, avec son vicaire et son sacristain ; ils nous ont fait plus de tort que quatre orages n’en eussent produit pendant un été. Mais quel motif, dit Brigandos ?… Un de ses paroissiens, reprit la femme, dont vous voyez la maison là-bas, est très-mal depuis quelques jours ; il a envoyé chercher le pasteur, lequel pour accourir plutôt au secours du moribond, dont il attend un legs considérable, traverse, comme vous voyez, notre champ, au lieu de venir par la grande route. Il ne veut pas que son pénitent meurt sans ses services, et le chemin à vol d’oiseau lui fait, prétend-il, gagner trois quarts d’heure. Avant-hier, il y allait pour l’exhorter, hier pour les saintes-huilles, aujourd’hui j’ignore pourquoi, mais il nous ruine, seigneur, il nous ruine ; et les deux malheureuses se remirent à verser des larmes. Pendant ce temps, le curé fendait l’air, et comme il avançait de notre côté, il ne se trouvait guères plus qu’à trente pas, lorsque Brigandos furieux,