Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/331

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gazon, et nous servions le déjeûner. Le chevalier voyant alors que le plus court est de faire contre fortune bon cœur, s’asseoit, coupe une tranche de jambon et se met à manger et à boire comme s’il se fût trouvé chez lui. — Que dit-on de nouveau, commandeur ? demanda Brigandos, enchanté de la bonne contenance de son hôte ; passant notre vie dans les bois comme les ours, nous sommes trop heureux quand avec d’aimables voyageurs comme vous, nous pouvons nous remettre au courant. — Nous venons de prendre Mahon, répondit le chevalier,[1] les anglais sont perdus, abandonnés de leurs Colonies, bientôt peut-être de l’Irlande et de l’Écosse, ruinés par la dette nationale, écrasés par leurs dissensions intestines ; je vois ce royaume à deux doigts de sa perte. — Doucement, doucement, seigneur chevalier, dit Brigandos en avalant deux verres de vin, un de chaque

  1. Ces événemens étaient pour lors ceux du jour.