Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/355

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le devoir d’un juge n’est pas de punir, il est de rendre les deux parties contentes autant qu’il est possible ; l’opération n’est pas difficile, que chacun cède un peu de son côté, tout s’accordera promptement ; il ne s’agit que de savoir si la chose est bien ou mal en elle-même, elle ne peut être l’un ou l’autre qu’en raison de son effet sur les parties, si elle n’en opère qu’un bon sur l’une et sur l’autre, elle ne peut plus être un mal que dans l’opinion ; considération vaine que doit toujours mépriser un juge ; ce qui fait que presque tous se trompent, c’est que cette considération chimérique les arrête, c’est qu’ils accordent tout à la loi, et jamais rien à l’humanité ; un peu plus d’esprit, un peu plus de tolérance, et tout s’arrangerait à l’amiable ; mais il faudrait des soins, il faudrait étudier l’homme et la nature, et tout cela est trop pour de tels gens ; ayant dessein de faire mieux qu’eux dans cette affaire-ci, je n’ai imaginé qu’une chose, c’était de ne les imiter en rien, il en a résulté que vous voilà tous deux contens,