Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/364

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Phillipe quatre tint si long-tems le duc de Lorraine prisonnier, quand Brigandos, faisant faire halte, nous dit qu’il ne voulait pas coucher ce jour-là dans la ville, ayant

    avait point d’espions tentateurs, point de journaux chez les courtisanes, et tout allait aussi bien qu’aujourd’hui ; c’est à Sartine que furent dues ces absurdités inquisitoires, et c’est depuis ce grand magistrat, qu’un homme sait aujourd’hui à quinze ans, ce qu’il ignorait encore à quarante autrefois. On ordonnait à ce méprisable espagnol de faire des listes de toutes ces turpitudes, pour en réveiller l’engourdissement du souverain. Cet imbécile imagina qu’il fallait colorer d’un vernis d’équité la déshonorante fonction dont on le chargeait, et prendre l’amour des mœurs et de la décence pour excuse de ces vexations. Malheureux Français, voilà comme on vous trompait, comme on se moquait de vous… Voilà comment, pendant que vous chantiez et couriez vos catins, on enchaînait votre liberté, comme on grévait vos goûts et vos fantaisies les plus simples.