Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/388

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place des Carmes, que nos physionomies, nos tailles, nos singulières parures, attiraient sur nous les regards de tout le monde, et Clémentine sa guitare en écharpe, soutenait cette insultante curiosité, avec une éffronterie qui dévoilait ses mœurs ; un des effets de la corruption, est de détruire en nous le sentiment pénible de la honte, on ne rougit plus dès qu’on est décidé à se tout permettre, et cette modestie qui nous retenait souvent encore, s’anéantit sous les attraits séduisans du vice. Voilà pourquoi le premier ouvrage de la séduction, est d’absorber la pudeur dans l’ame de celle qu’on travaille à corrompre ; on fait bientôt tout ce qu’on veut d’une jeune fille, quand on l’a convaincue de la bisarrerie de s’allarmer des mouvemens de la nature, et les freins que l’on ridiculise, sont bien plutôt brisés que ceux que l’on combat[1].

  1. La raison de cela est simple ; c’est avec de l’esprit qu’on résiste aux argumens que le