Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/407

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doute ; c’est tout ce que je puis ; — mais qui vous garantit la vérité de ces liens ? Nous ne sommes pas du même lit, et vous avez connu la conduite de ma mère ? — Est-il possible que votre amour vous aveugle, au point de préférer la honte et le deshonneur, à la certitude de ne voir jamais couronnée une passion criminelle qui vous entraîne à votre perte. — Le deshonneur,… la honte,… et que m’importe toutes ces chimères ! que m’importe le sang qui coule dans mes veines, sitôt qu’on lui défend de s’enflammer pour vous… Je ne connais que vous dans l’univers ; je n’y respecte et n’y chéris que vous, et je vais à l’instant percer le cœur du traître qui vous enlève à moi, si vous ne me promettez de rompre la fatale promesse qu’on ose vous arracher. — Voulez-vous me rendre entièrement malheureuse ? Voulez-vous m’enlever l’innocent plaisir que je goûte à vous aimer comme un frère ? Voulez-vous donc mettre entre nous d’éternelles barrières ? — Je veux mourir ou