Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/409

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tain de ces nœuds auxquels je vais m’asservir. Ne m’accablez donc pas quand j’ai des droits si sûrs à votre reconnaissance. — Funeste façon d’y prétendre ; puissiez-vous plutôt me haïr que de m’aimer ainsi !… Eh ! que m’importe cette fortune ?… que me font ces honneurs, achetés aux dépens de ce que j’ai de plus cher au monde ? Dussai je être le plus malheureux des hommes, je m’en croirais toujours le plus fortuné, si j’étais aimé de Léontine ; il n’est de bien pour moi que son amour ; il n’est de bonheur que sa main, voilà les seules prospérités où j’aspire, les seules que je sois envieux de posséder, dût-il m’en coûter mille vies.

Léontine avait eu beau faire ; émue de tant d’ardeur, quelques regards lui étaient échappés : c’en était trop pour dom Juan ; il n’eut pas plutôt cessé de croire qu’il était indifférent, qu’il lui parut possible d’être bientôt aimé ; il crut que les résistances de Léontine étaient plutôt les effets de sa vertu, que les sentimens de son