Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/494

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je avec effroi, essayer les douceurs de l’amour au milieu des bourreaux !… respirer ses roses sur les épines de l’esclavage ! pourrai-je écouter mon ame entourée de toutes ces horreurs ? Et comment liriez-vous dans cette ame enchaînée, le sentiment que vous avez fait naître ? vous auriez près de vous une idole, et non la femme délicate et sensible qu’ont enflammée vos charmes ? Ah ! vous ne connaissez pas l’imagination vive et ardente d’une française : un rien l’enivre, un rien la blesse ; et quelqu’aimable que soit l’amant, s’il ignore l’art d’enflammer cette imagination, pour qui les chimères sont des dieux, il a manqué l’objet qu’il cherche ; il a voulu plaire, et ne l’a pas su. Quittons ce cloaque d’infamie ; vous avez, sans doute, une campagne, allons-y chercher le bonheur ; allons-y ranimer nos feux aux doux chants de la colombe amoureuse… Venez,… venez, vous que j’adore ; venez remplacer les nœuds dont vous chargez mes mains, par les guir-