Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/506

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doit ressembler nécessairement au local affreux qu’ils habitent ; ah ! quel que soit le motif du crime, qu’il soit dicté par le besoin, qu’il soit l’ouvrage du plaisir, il lui faut toujours des voiles et de l’obscurité.

Franchir ces murs dans un lieu ou dans l’autre, devenait égal, puisqu’on n’entrait dans cette maison que par une porte, qui vraisemblablement devait être fermée ; je profite donc d’un endroit treillagé pour arriver sur le haut du mur, et quelqu’hauteur qu’il put avoir, je résolus de me précipiter les yeux fermés… Aucun autre parti ne s’offrait, il fallut donc prendre celui-là… Je sautai, mais la chute fut si terrible que je tombai presqu’évanouie ; je ne suis pas long-temps dans le repos, mille sentimens aigus m’en réveillent à l’instant et je me mets à courir à travers les champs comme une folle… Au bout d’une heure je m’arrête, et reprends un instant haleine sur le bord d’un petit ruisseau. Là, je crus qu’il était prudent de s’orienter