Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/513

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toi qu’il ne faut jamais faire un crime à demi, et qu’il n’y a jamais de puni que ceux qui ne l’achèvent pas. Le principe n’est pas toujours sûr, dit l’autre, en mettant la petite fille derrière son cheval et y remontant lui-même pendant que son ami en faisait autant, mais vrai ou non, on a toujours au moins sa conscience dont la voix nous console intérieurement, de n’avoir pas fait tout le mal possible, et ils piquèrent des deux.

Je n’avais pas une goute de sang dans les veines, mais avant de me livrer à aucune combinaison sur cette aventure, mon premier soin fut de m’éloigner au plus vite de ce fatal endroit, et continuant tristement ma route non sans être saisie de frayeur au moindre bruit, je ne pus m’empêcher de me demander alors en moi-même, comment il était possible que cette petite fille fut dans les mains de ces gens-là ? nous ne l’avions pas vue à l’inquisition, mais nous étions bien sûrs qu’elle y était avec nous. Par quel événement s’en était-