Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/584

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ment sage, incontestablement préférer pour épouse la fille libertine, à celle qui n’a jamais servi que la pudeur, et cesser surtout de croire que cette pudeur qui n’est que le trésor des laides, puisse être d’aucun prix avec les autres. Ah ! qu’ils soient en paix ces époux timides, cette même fille faible quand elle s’apartenait, va devenir la femme la plus modeste une fois sous les loix de l’hymen : s’être rendue coupable quand on n’avait point de nœuds, n’est nullement une raison de présumer qu’on ne sera point exact à révérer ceux qu’on doit recevoir. Que les hommes délicats sur cette matière prennent de telles épouses sur le pied de veuves ; mais les flétrir, les délaisser, les contraindre aux horreurs d’un couvent ou les réduire au célibat pour une faute commise dans le feu de la jeunesse, toujours bien plus l’ouvrage de la séduction des hommes que de la faiblesse des filles, pour une faute qui prouve qu’elles ont tout ce qu’il faut pour être d’excellentes épouses ; ah, madame !