Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/140

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cœur souffrirait trop à vous y engager. Mais quelque soit l’intérêt qu’elle vous inspire, daignez réfléchir que vous avez deux filles et un époux à ménager ; à l’éclaircissement juridique, il faut que le curé parle, dès ce moment vous ne sauvez pas Sophie, et Léonore vous est rendue, quelqu’adroite que soit cette jeune personne, vous l’exposez pourtant aux noirceurs d’un père atroce, capable de sacrifier jusqu’à Sainville, dès qu’il ne verra plus dans lui qu’un obstacle aux infamies qu’il concevra trop infailliblement sur cette nouvelle fille immolée déjà dès le berceau, dans sa perfide imagination. Si vous plaidez et que vous perdiez, ce qui sera certain, vous sacrifiez Aline à Dolbourg… plus aucun moyen dès-lors de pouvoir la tirer de ses mains, puisque Sophie n’est plus sa belle-sœur, et que vous gagniez ou que vous perdiez, voilà du train, Paris entier s’occupant de vous et tout cela pour une fille qui ne vous est rien, et envers laquelle vous avez déjà fait tout ce que