Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/146

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qui pussent les identifier dans toi ; tu a sauté par-dessus tous les préjugés sans essayer d’en détruire aucun ; tu les as tous laissé derrière toi, et tous reparaîtront pour te désoler, quand il n’y aura plus moyen de les combattre.

Infiniment plus sage, j’ai étayé mes écarts par des raisonnemens, je ne m’en suis pas tenu à douter, j’ai vaincu, j’ai déraciné, j’ai détruit dans mon cœur tout ce qui pouvait gêner mes plaisirs,… Faudra-t-il les quitter ? Je serai fâché de les perdre sans me repentir de les avoir aimé, en m’endormant en paix dans le sein de la nature, — j’ai accompli sa volonté, me dirai-je, j’ai suivi ses inspirations, ce que j’ai fait lui plaisait, sans doute, puisqu’elle en éveillait en moi le désir,… et qu’elle frayeur m’inspirerait donc la fin de mon existence ? dois-je craindre d’être puni pour avoir cédé mollement sous le joug si flatteur des lois qui m’entraînaient !… mourons tranquille, tout finit avec moi,… tout s’éteint quand mes yeux se ferment,