Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/289

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reprit-il, fondez-vous la légitimité de cette douleur ressentie pour la perte de ceux que nous chérissons ? De quel bien peut être un sentiment qui n’apporte aucune variation à l’état de celui qui n’est plus, et qui trouble ou dérange la santé de celui qui reste ? — Ces choses-là ne se raisonnent point, monsieur, elles se sentent ; malheur à qui ne les éprouve pas. — Non, monsieur, tout doit être soumis à l’analyse, ce qui ne peut l’être est faux ; or dites-moi, je vous prie, si d’après mes systèmes de matérialisme,… si d’après la parfaite certitude où je suis que la mort termine tous nos maux et ne nous en laisse aucuns à redouter ; si d’après cela, dis-je, ma femme, qui n’était rien moins qu’heureuse dans ce monde-ci, ne se trouve pas maintenant dans un repos préférable à l’état perpétuel de douleur où elle végétait

    tranquillisez-vous elle vous pardonne, ce fut hors de vos fers la première jouissance qu’elle voulût goûter.