Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/291

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mort de ceux qui nous ont été chers ; car l’enfer étant impossible, ou ils ne sont rien, ce qui n’est pas un état pis : ou ils sont mieux, ce qui est un état plus doux ; et dans l’un et l’autre cas, on a certainement tort de les redésirer à la vie, où ils ne seraient que dans un état moindre. Ne nous étonnons donc point d’après cela, que des nations entières ayent pour usage de se réjouir à la mort de leurs proches, et de se désoler à la naissance de leurs enfans ; je ne connais point de coûtumes meilleures que celle-là[1]. Il faut plaindre ceux qui naissent à la douleur, il faut les imiter, et pleurer comme eux quand ils voyent le jour ;

  1. Les Scandinaves et les Germains pleuraient à la naissance de leurs enfans ; dès qu’il leur en était né un, ils s’asseoiyaient autour de son berceau ; et là chacun représentait, aussi pathétiquement qu’il lui était possible, les misères de la vie humaine et compatissait aux maux que le nouveau-né aurait