Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/298

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans un tel calme en venant de le commettre ; je ne mangeai point comme tu crois, je me contentai de lui tenir compagnie, me levant de temps à autres, pour vaquer aux soins qu’exigeaient mon emploi ; mais ne paraissant point chez Aline, que ma présence irritait au lieu de calmer, et que je ne voulais instruire que le lendemain matin de la suite cruelle de ses malheurs. Le médecin n’était point encore parti, il prenait un peu de repos. Le président voulut le voir ; il lui demanda avec effronterie de quoi sa femme était morte ? — De poison, répondit hardiment celui-ci. — Mais, docteur, pensez-vous ?… — Il est une façon sûre de vous convaincre, monsieur, nous ferons, quand vous voudrez, l’ouverture du corps. — Non, en honneur, ces opérations-là m’ont toujours révolté ; elles ne sont pas sûres, et elles ont, ce me semble, quelque chose de cruel,… ne disséquons point, enterrons. — Un peu surpris de cette réponse, le médecin lui demanda s’il ne jugeait pas à propos de former une