Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/350

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je ne fis jamais toute l’attention que j’aurais dû faire… Enfin trois heures sonnèrent, elle tressaillit ;… comme le temps passe, dit-elle ; lorsqu’on est près d’un grand évènement, il semble que les instans coulent avec plus de rapidité. Quand cette même heure sonnera ce soir, il y aura bien des choses de faites,… puis se tournant vers moi… elle me regarda quelques temps sans rien dire, ensuite elle compta les années qu’il y avait que nous étions ensemble ; elle daigna remarquer avec attendrissement que j’y étais depuis qu’elle avait atteint l’âge de la raison… Tu étais presqu’aussi enfant que moi, me dit-elle, je m’en souviens. — Honnête créature, continua-t-elle en m’embrassant, je n’ai jamais pu rien faire pour toi,… je me serais satisfaite si j’avais épousé Valcour… je te recommande à Déterville… et ce propos fut un des plus forts qu’elle m’ait tenu ; un de ceux où son projet semblait le mieux se découvrir sans qu’elle y pensa… Funeste permission du Ciel… je n’y pris pas