Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/354

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Jamais aucun ne frappa mon oreille, et quand neuf heures sonnèrent, je me précipitai dans son appartement avec une inquiétude inexprimable.

Ô monsieur ! quel spectacle !… il m’est impossible de vous le peindre ;… cette chère maîtresse,… cet ange du ciel que je pleurerai toute ma vie ;… elle était à terre… elle était noyée dans son sang ;… elle avait devant elle les tresses des cheveux de madame, au milieu desquelles elle avait placé le portrait en miniature qu’elle possédait de cette mère respectable. Il est à croire qu’elle s’était poignardée devant ces chers objets de son cœur, et qu’à mesure que la perte de sang lui avait ôté ses forces, elle était tombée sur ses genoux à la renverse ; telle était la position où je la trouvai. L’arme qu’elle avait employée était une branche de longs ciseaux, dont elle se servait à sa toilette ; elle avait séparé cette branche de l’autre, et se l’était enfoncée à trois reprises au-dessous du sein gauche ; le sang avait abondamment coulé des trois