Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/79

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croyais enchaîné, quand je le supposais à moi, je ne m’assouplissais que davantage sous le joug impérieux du perfide… Il n’y a donc plus rien de sacré ; il n’y a donc plus ni loix, ni vertus ; tout peut donc aujourd’hui s’enfreindre impunément,… quel siècle, je rougis d’avoir eu le malheur d’y naître.

Le 6 janvier, à neuf heures du matin, on est venu signifier un ordre à madame l’abesse des Ursulines d’Orléans, qui lui enjoignait de remettre aussi-tôt entre les mains de celui qui présentait cet ordre, une fille nommée Sophie, qu’elle tenait de madame de Blamont… Prévenue par moi, soupçonnant quelques horreurs, elle a d’abord dit qu’elle ne connaissait pas cette fille,… qui réellement n’était pas sous ce nom chez elle… Ce subterfuge n’en a pas imposé : on lui a dit qu’on allait entrer dans le cloître, si elle tergiversait plus long-temps : saisie de frayeur, la bonne dame n’a pas osé refuser celle qu’on demandait ; et cette malheureuse enfant est