Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/87

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arme qui m’est d’un grand secours à l’opposition des projets du farouche ami de mon époux. Je n’ôte rien à Léonore, que je n’avouerai jamais, qui n’a nul besoin de mon aveu, je rends la liberté à Sophie, et j’assure le bonheur d’Aline. Ah ! je l’essayerais en vain, il mettra toujours en avant l’extrait paroissial, et je n’en détruirai l’authenticité, qu’en nuisant à ma Léonore. Quel embarras ! moi qui me réjouissois des jours où j’ai donné la vie à mes enfans, faut-il maintenant que je classe ces jours malheureux, au rang des plus funestes de ma vie.

Non, je céderai, j’abandonnerai Sophie ; j’ai beau penser, je ne puis faire autrement ; je ne puis secourir cette infortunée, sans nuire au bonheur de mes deux filles ; il faut que j’y renonce…… Il le faut ; est-il donc possible qu’il y ait de fatales circonstances où le ciel favorise assez peu la vertu, pour qu’il devienne impossible de pouvoir l’arracher au malheur ; puissent s’ignorer à jamais ces fatales vérités ; trop de jeunes filles en con-