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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

Ce grand trait d’énergie, dans une aussi jeune femme, plut beaucoup au prince de Saxe, Il l’exalta dans sa cour, et chacun félicita la princesse. Ce fut ce moment de gloire que choisit Mersbourg pour peindre à Adélaïde l’ivresse dans laquelle cet acte superbe plongeait le marquis de Thuringe.

— Votre aimable parent, madame, dit-il à Adélaïde, brûle de vous peindre la reconnaissance qu’il éprouve du grand service que vous venez de rendre à la patrie. Ah ! s’est-il écrié, quand on sait régner avec tant de noblesse, pourquoi donc ne sait-on pas aimer ? Il ne faut pas enflammer tous les cœurs, quand on ne veut écouter l’hommage d’aucun !

— Qu’il vienne, dit Adélaïde, et je saurai lui prouver peut-être que si j’ai pu, par ce que je viens de faire, mériter l’approbation générale, c’était peut-être de lui plus que de personne que je voulais recevoir des éloges. Je savais bien qu’un trait de fierté lui plairait ; il devait approuver en moi ce qu’il était si digne d’égaler… Mersbourg, va prévenir à l’instant le marquis que la princesse le recevra volontiers dans le petit bois de sa volière située au fond des jardins.

Là, dans un bosquet de cèdres s’élevait, sous la forme d’un temple des Druides dont ce même lieu offrait encore quelques vestiges, une vaste