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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

La princesse qui, dans ce moment, se préparait au repos de la nuit, se jette échevelée, à demi vêtue, dans les bras de Bathilde, qu’elle entraîne loin de ce lieu d’horreur. Personne, en ce moment d’alarmes, ne songe à troubler leur fuite, et elles parviennent aux portes du fort, abandonnées par les soldats qu’occupent les soins d’arrêter l’incendie.

— Fuyons, fuyons ! dit Adélaïde ; hâtons-nous de profiter du malheur qui nous en offre les moyens.

— Oh ! madame, s’écria Bathilde, mon père… puis-je l’abandonner dans cette circonstance ? Laissez-moi du moins l’embrasser et prendre ses ordres.

Et, sans attendre la réponse, Bathilde vole au travers des flammes chercher et secourir son père. Dès qu’elle l’aperçoit :

— Mon père, s’écrie-t-elle en se jetant dans ses bras, entre le devoir et la nature prononcez vous-même sur mon sort : que faut-il que je fasse ?

— Fuir, ma fille, répond le major, fuir avec promptitude, sauver la princesse des dangers qu’elle court, et la ramener ensuite si tu le peux : voilà mes ordres et mes adieux, si nous ne pouvons plus nous revoir… Je ne puis te laisser mes soldats :