Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


que je travaille aussi à ma sûreté : quel serait mon sort si Schinders arrivait et qu’il nous surprît !

Les travestissements furent bientôt établis. Stolbach ouvre les portes, et voilà nos deux femmes dans la barque, qui doit, en traversant l’étang, les déposer à l’entrée du sentier qui ramenait à l’endroit où on les arrêta. Mais comme elles furent, cette fois-ci, forcées de faire à pied le chemin qu’elles avaient précédemment fait sur les chevaux de Schinders, elles se trouvèrent extrêmement fatiguées. Stolbach, en les quittant, leur conseilla de garder jusqu’à Francfort les déguisements qu’elles portaient, afin de ne pas courir le risque d’être reconnues ; et, ce dernier avis donné, le gardien disparut.

Un petit cabaret, situé sur le sommet de la montagne, se présente à nos fugitives. Épuisées de faim et de fatigue, elles s’y rafraîchirent, puis s’observant toutes deux :

— Eh bien, ma chère amie, dit la princesse, qu’allons-nous devenir dans cet équipage ? Nous voilà plus en danger que jamais. Si notre sexe vient à se découvrir, on va nous prendre pour des vagabondes, et le secret que nous devons garder sur notre sort nous ôte tout moyen de réclamation. Nos malles sont perdues : heureuse-