s’attendre que celui qui allait prononcer sur son
sort et sur celui de sa compagne, ne fût autre
que le major Kreutzer, père de Bathilde, et qui
commandait naguère à Torgau ? Trop ému dans
le premier moment pour rien expliquer, Kreutzer
se jette dans les bras de sa fille et se contente de
renvoyer les deux femmes, en les assurant l’une
et l’autre qu’il ira bientôt les voir dans leur prison.
Effectivement la journée ne se passa pas sans
qu’il y parût.
— Nous avons tout le temps de nous parler, leur dit-il : sous le prétexte de la plus extrême rigueur, j’ai donné des ordres pour qu’on vous laissât parfaitement en paix. Il est essentiel de vous dire d’abord que vous ne vous êtes éloignées de la citadelle que par le moyen du comte de Mersbourg.
— Nous le savons, dit Adélaïde.
— Assurément, interrompit Bathilde, ce qu’il fit ne put partir que d’un bon motif.
— Et pourquoi, reprit la princesse, pourquoi se cacher dans ce cas ?
— Le comte vous sait-il ici maintenant, demanda Kreutzer ?
— Non… Mais, ajouta la princesse, qui nous poursuit depuis que nous sommes sorties de Torgau ? Qui nous a fait mettre dans la tour du