Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/254

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

Ces femmes, que l’on n’interrogeait point, crurent devoir se taire également. Elles furent déposées dans un cabaret, sur la route de Francfort, sans être instruites du nom de ceux de qui elles venaient de recevoir un si grand service.

Suivons leur marche maintenant, et laissons nos chevaliers diriger la leur sur Trèves, où nous les reprendrons quand il en sera temps.

Ce qui venait d’arriver fit longtemps la matière de la conversation de nos voyageuses.

— Comment, dit Adélaïde, ces gens-là sont-ils venus nous arrêter après nous avoir rendues libres ? Ils firent de même en sortant de chez Schinders : il semble que nous ne puissions pas échapper de leurs mains. Si je n’étais pas aussi sûre que je le suis de ton père, poursuivit la princesse, je ne pourrais m’empêcher de soupçonner quelque trahison dans tout cela.

— Ah ! madame, mon père en est incapable.

— Je le sais, aussi mon embarras est-il extrême.

— Rien de plus simple, madame : vous avez entendu que mon père nous a fait sentir la nécessité du mystère qu’il était obligé d’employer. Notre poursuite est l’ouvrage de ceux qui le surveillaient ; ils n’auront pas manqué de courir après nous, dès qu’ils se seront aperçus de notre fuite.