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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

— Est-ce là tout ce que vous voulez de moi ? dit Krimpser avec insolence.

— Non, dit Frédéric, il faut encore que vous me disiez ce qu’est devenue la femme dont le sort m’intéresse : gémit-elle dans votre infâme repaire ou l’avez-vous rendue à la liberté ?

— Elle n’est plus chez moi, et je la crois en Dalmatie.

— Elle a dû passer par Venise ?

— Cela peut être, dit arrogamment Krimpser… Mais toutes vos questions me fatiguent. Soldats, ramenez ces gens ; vous leur rendrez leurs armes au bas de la montagne, et qu’ils deviennent ensuite ce qu’ils voudront.

Il n’y eut plus un mot à répliquer : tout s’exécuta comme l’avait prescrit le chef et nos trois chevaliers furent coucher à Brixen.

Là, comme on l’imagine aisément, Frédéric confus, désespéré, ne put se livrer au repos. Ennuyé des stupides consolations de son écuyer Pitreman, irrité des reproches de son compagnon d’armes, il prit le parti de se promener aux environs de l’hôtellerie, située à l’une des extrémités de la ville.

La nuit était très obscure, et le prince, comme tous les gens fortement occupés de leurs pensées et qui ne prennent pas garde aux lieux qu’ils