qui, ne cherchant qu’à flatter les opinions à la mode,
renonce à l’énergie qu’il a reçue de la nature pour ne nous
offrir que l’encens qu’il brûle complaisamment aux pieds
du parti qui domine. Le malheureux, captivant, soumettant
ainsi ses propres opinions à celles du jour,
n’aurait jamais le courage de sortir son siècle du
bourbier où l’entraînent si souvent les modes
absurdes de l’opinion. Et voilà celui qu’eurent les
écrivains célèbres du xviiie siècle, si nettement
désignés par les imbéciles rédacteurs de ce journal
vendu au plus infect capucinisme. Laissons les sots
en paix clabauder contre des talents qu’ils ne
peuvent avoir. On sait que de tout temps cette
classe de dégoûtants écoliers eut l’égoïste manie
de rabaisser à elle ceux auxquels il lui devenait
impossible de s’élever. « Le vice des petits esprits »,
dit l’aimable auteur des Enfants de l’Abbaye, « est
de haïr la supériorité à laquelle ils ne peuvent
atteindre ». Il faut qu’il y ait de ces originaux
dans le monde ; c’est à eux que Gresset adressait
ces vers :
Les sots sont ici-bas pour nos menus plaisirs.
Il faut, disent ces ostrogoths, chercher l’honnête homme dans l’écrivain. C’est l’homme de génie que je veux dans l’écrivain, quels que puissent être ses mœurs et son caractère, parce que ce n’est pas