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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/336

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


comme moi, sénateur, continua Adélaïde, qui née pour régner, était bien aise de connaître tous les pièges que la méchanceté ou l’insubordination font trop souvent commettre aux sujets, et surtout dans les moments de trouble qui, en ce moment, agitent l’Europe.

La princesse de Saxe fut reconduite dans son hôtel où il lui fut permis de rester tant que l’exigeraient ses affaires ; et elle y reprit son incognito.

La secousse avait été terrible dans Venise ; plus de quatre cents personnes avaient péri par différents supplices ; et ce fut par sagesse et dans la crainte que l’ébranlement ne se fût fait ressentir dans les environs de la République qu’Adélaïde aima mieux rester dans son sein. Le sénateur qui avait brisé ses fers lui offrit la société de sa maison, en l’assurant qu’elle n’aurait pas à y courir les mêmes dangers que lui avait offerts celle de Contarino. Adélaïde consentit, et quelques jours suffirent à ramener dans cette grande ville le calme et la tranquillité qu’en avaient un instant banni le trouble et le désordre.

L’approche du carnaval acheva de rasseoir les esprits ; et ce peuple frivole et léger, quoique souvent penseur et profond, courut au bal en quittant l’échafaud. Et voilà l’histoire de tous