seul avec la foule au milieu de la place, voyant
disparaître celle qu’il cherche, celle qu’à tant de
titres il doit croire sa femme, et disparaître avec
qui ? Avec tous gens faits pour alimenter le plus
fortement son inquiétude et sa jalousie.
— Mon ami, dit-il à Mersbourg, crois-tu qu’il y ait au monde une situation plus singulière ?
— Je ne la vois pas telle, répondit Mersbourg avec le plus grand sang-froid ; cette femme n’est point Adélaïde ; questionnons et nous verrons si je me trompe.
— Messieurs, dit-il à plusieurs jeunes gens, peut-on savoir le motif de curiosité qui vous fait observer avec tant de soin une femme dans laquelle ni mon ami ni moi n’apercevons rien que de très ordinaire ?
— Vous ne l’avez sûrement pas vue à visage découvert, lui répond-on ; c’est la plus belle femme qu’il y ait en Europe.
— Pourriez-vous nous dire qui elle est ?
Et comme il était autorisé à croire que les réponses seraient conformes à ses désirs, il pria ces messieurs de parler en langue franque, attendu que l’étranger avec lequel il était n’entendait pas un mot d’italien.
— Cette femme, dirent ces jeunes gens, est une aventurière de Naples qui vient ici chercher