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Page:Sade - Cahiers personnels, Adélaïde de Brunswick, Pauvert, 1966.djvu/363

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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK

Bathilde veut offrir de l’argent à ce brave homme, mais il le refuse en assurant qu’il remplit ces corvées par pénitence et qu’il en perdrait le fruit s’il s’en faisait payer.

Pendant ce petit dialogue, Adélaïde sonnait. Une sœur ouvre, et, en se jetant aux pieds de la princesse, elle lui dit :

— Qui que vous soyez, bénissez-moi, car je suis une grande pécheresse.

Adélaïde s’émeut en la relevant : les âmes sensibles s’épanchent, se dilatent toutes les fois qu’on fait vibrer les cordes de leur existence.

— Ma sœur, lui dit la princesse, croyez que quelque grands que soient vos péchés, le ciel vous les pardonnera quand il verra votre repentir… Peut-on pénétrer dans cette sainte retraite ? Peut-on s’animer au feu divin de vos âmes célestes ?

— Veuillez me dire qui vous êtes, madame, répondit la sœur et je vais prévenir l’abbesse.

— Vous lui direz que je suis conduite chez elle par le seul désir de m’édifier, et que mon nom, d’après cela, devient inutile à savoir.

— J’y vais, madame, dit la sœur, et ma réponse sera prompte à venir.

— Si cette pauvre fille est une pécheresse, dit Bathilde, que sommes-nous donc, nous madame ?

Adélaïde poussa un soupir.