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ADÉLAÏDE DE BRUNSWICK


des ordres pour qu’on emportât Adélaïde évanouie, et chacun se retira en attendant l’issue de ce grand événement.

— Ô Mersbourg, dit le prince en revoyant son perfide ami dès le même jour, quel affreux service vous m’avez rendu ! C’en est un, sans doute, mais il est bien cruel !

— Prince, répondit le comte, je n’ai pu souffrir plus longtemps les outrages dont on vous couvrait ; je vous ai rendu les services que m’inspiraient l’honneur et l’amitié !

— Ô mon ami, qu’ils sont terribles ! Que vais-je faire de cette malheureuse, maintenant ?

— Vous n’aurez plus le droit d’en disposer, répondit le comte ; les suites du combat vont décider de son sort. Si vous aviez le malheur d’y succomber, celui qui vous succéderait la soustrairait bientôt au châtiment que vous lui auriez imposé ; si vous êtes vainqueur, la politique vous oblige à faire grâce. Je vous l’ai dit, une conduite différente vous brouillerait avec votre beau-père, et vous connaissez les raisons qui doivent s’opposer à cette rupture. Mais il est une autre précaution, prince, dont vous devez vous occuper et qu’exige de vous la tranquillité de vos sujets. Le sort des armes est incertain ; rarement fixé par le bon droit, le